Histoire de Maizières
Extrait de « Recherches historiques sur la commune de Rouvres depuis ses origines jusqu’à nos jours et monographies diverses » de Marc-Emile Robine Maire de Rouvres de 1896 à 1953.
L’histoire ancienne
La cour de Maizières
Les Manoirs
L’église
Le Val Hébert et Abbé Hébert
Quelques prêtres pendant l’époque révolutionnaire
Le presbytère
Vente du mobilier de l’église
Calamités agricoles
Les temps primitifs
Epoque gallo-romaine
Anciennes divisions administratives
Le Laizon et la Dives
Les boissons normandes
Le vin
Le cidre
Voir aussi :
Maizières sur le site un siècle d’histoire du calvados (nouvelles de 1842 à 1948)
Maizières
L'histoire ancienne
L’ancienneté de Maizières est prouvée aussi par diverses antiquités trouvées sur son territoire. Une médaille en or d’origine celtique y a été ramassée dans le vallon. Elle représentait d’un côté un cheval gaulois, et de l’autre une tête, de style grec. Cette médaille doit encore exister au musée de Falaise. Des débris de tuiles romaines ont aussi été découvertes à mi-côte vers Rouvres, ce qui n’a rien d’étonnant, Maizières se trouvant à peu de distance de la voie romaine traversant le territoire de Rouvres et connue dans le pays sous le nom de Chemin Haussé.
Dans la haute campagne vers le nord, un emplacement aujourd’hui cultivé porte le nom de Champ de Bataille. Un vieux chroniqueur nous dit que les anciens habitants de Maizières y ont encore vu des retranchements et que des monnaies anciennes y ont été trouvées.
Près du vieux manoir d’Asseville, on a découvert également des vieux cercueils de pierre contenant des casques et des armures. Ces objets ont été conservés pendant quelque temps par M. de Bonnechose, alors propriétaire du château de Fossard.
D’après M. Galeron, le château féodal de Maizières se trouvait au bord du Laizon, près de la limite de Rouvres, là où se trouve la ferme de Mme Chériel, exploitée actuellement par M. Auguste Hébert, et connue des anciens sous le nom de La Cour de Maizières. Ce château fut achevé de détruire par une inondation au commencement du XVIIIème siècle. Près de cette demeure, plusieurs tombeaux ont été mis à jour et l’on a supposé à l’époque qu’ils étaient ceux de quelques protestants qui jadis habitaient ces lieux.
La Cour de Maizières
Les Manoirs
L'église
Le Val Hébert et Abbé Hébert
Hic
beatam expectat resurrectionem mortuorum
Ludovicus Jacobus Philippus HÉBERT
sacerdos
Olim
saneti Petri du Mesnil Bacley
in diæcesi Lexoviensi parochus per annum
Mox
capituli sancti Nicolaï
in xenodochis Falesiensi prior
per quinque annos
Den
rector ecclesiæ sancti Georgii
per vigenti unum annos
Vicarius generalis diocesis Bajocensis
per sex annos
Ici (repose)
dans l’attente de la bienheureuse résurrection des morts
Louis Jacques Philippe HEBERT
prêtre
Autrefois
curé de Saint-Pierre du Mesnil Bacley,
diocèse de Lisieux, pendant un an
Puis
prieur du chapitre de Saint Nicolas
à l’hôpital de Falaise
pendant cinq ans
Enfin
recteur de l’église Saint Georges
pendant vingt et un ans,
vicaire général du diocèse de Bayeux
pendant Six ans
Note sur l’évêque « du Calvados » :
Il n’y a jamais eu, du point de vue de 1’Église catholique, d’évêque du Calvados, et à cette époque, les évêques n’é t pas élus. Dans la région, il y avait l’évêque de Bayeux, l’évêque de Lisieux et l’évêque de Séez.
De plus, la liste des anciens évêques fournie par l’évêché de Bayeux ne comporte aucun évêque du nom de Faucher.
Voici un extrait de cette liste :
Évêque de Bayeux : Joseph de Cheylus, de 1776 à 1797.
Evêques de Lisieux : Jacques-Marie de Condorcet, de 1761 à 1783 – Jules de la Ferronays, de 1783 à 1799.
Quelques prêtres pendant l'époque révolutionnaire
Le presbytère
Vente du mobilier de l'église
En l’année 1793, François Charpentier étant maire, une partie du mobilier de l’église fut mise en adjudication. La croix du cimetière, les fonts baptismaux, un bénitier, deux statues en pierre furent adjugés à Pierre Lemore pour 3 livres 15 sols.
Un confessionnal fut adjugé à Charles Duffay pour 10 livres. Un autre confessionnal, un lutrin échurent à Daniel Martin pour 11 livres 5 sols. Et un lot de ferraille dans lequel se trouvaient les battants et les pentes des cloches fut acquis par Guste Lecharpentier pour 50 livres 15 sols, etc.
L’agent national, F. Fouques ayant enjoint au maire de Maizières de faire descendre, les cloches du clocher, ce fut Louis Bellais qui se rendit le 10 Pluviôse An II adjudicataire de ce travail, et le 29 Pluviôse de la même année, Jacques Bellais s’engagea, moyennant 17 livres, à transporter sous trois jours au district de Falaise ces deux cloches et divers objets mobiliers provenant de l’église, tels que : un calice, un ciboire, une croix, un cierge pascal, etc.
Le 14 Pluviôse An II, F. Fouques fut remplacé à Maizières comme agent national par Thomas Fouques.
ROUVRES à travers les âges
Les temps primitifs
Dans les temps primitifs, le village de Rouvres se composait de quelques huttes ou cabanes en bois et en terre, bâties sur les deux rives du Laizon, à proximité du gué permettant le passage de la rivière.
Cette petite agglomération était perdue au milieu des bois ou dominait le chêne. C’est sans doute son ancienne situation agreste qui l’a fait dénommer ainsi (Robur, Roverium, ou Roverix, c’est-à-dire lieu couvert de chênes). A cette époque, les chemins n’existaient pas, à peine quelques sentiers mal frayés permettaient-ils de se rendre d’un lieu à un autre.
Les terres arables peu nombreuses et mal cultivées ne produisaient presque rien, et les récoltes très médiocres ne suffisaient pas à la nourriture de ses habitants. Cependant, l’orge, le blé et l’avoine croissaient presque sans soins sur le bord de la rivière, mais nos ancêtres préféraient à tout autre chose la chasse et la pêche, et se souciaient fort peu d’agriculture. Gibier et poisson entraient donc pour la plus grande partie dans leur alimentation.
Avec la peau des animaux qu’ils avaient tués, ils se confectionnaient des coiffures, des vêtements, des chaussures, dont ils s’entouraient les pieds et les jambes, et qu’ils serraient avec des bandelettes croisées.
Comme religion, ils avaient adopté le culte des Druides.
Epoque gallo-romaine
De l’an 58 à 50 avant Jésus Christ, Jules César, célèbre général romain et le plus grand tacticien de son temps, conquit la Gaule malgré la résistance de Vercingétorix.
Pendant 500 ans, notre pays fut soumis aux romains, qui le civilisèrent. L’agriculture et les arts y furent en honneur, de belles constructions, des monuments même s’y élevèrent, de nombreuses écoles y furent créées. Mais des révoltes éclatèrent parmi les tribus gauloises toujours fières et indomptées. C’est alors que les romains abattirent les forêts profondes. Un vaste réseau de routes et chemins appelé voies romaines fut créé pour établir des communications entre les diverses cités et camps élevés sur les hauteurs pour y exercer une surveillance nécessaire.
Dans notre région, les Romains établirent de nombreux camps : celui de Soumont-Saint-Quentin est le plus proche. Il était placé près du tombeau de Marie Joly. Sur le rocher où il était établi, on a trouvé au début du siècle dernier un grand nombre de haches ou casse-têtes en pierre de différentes natures, et des squelettes appartenant à plusieurs âges. Quelques-uns étaient dans des cercueils de pierre.
Près de ces sépultures, on a trouvé également des lames d’épées de vingt pouces, des pointes de piques et des lances, des objets de bronze, des urnes cinéraires de l’époque gallo-romaine, et des médailles dont la plus récente était de l’an 322 après Jésus Christ.
D’autres camps furent créés à Escures-sur Favières, à Bissières, à La Hoguette, au bois de Quévrue, à Montviette, etc. De nombreuses voies les relièrent, et deux au moins passèrent par Rouvres. La première reliait le camp de Soumont-Saint-Quentin à ceux d’Escures-sur-Favières et de Bissières en passant au chevet de l’église de Percy. Elle est aujourd’hui complètement disparue sur le territoire de Rouvres. Une autre traversait la commune sur sa plus grande longueur. Il en reste encore aujourd’hui un tronçon qui se dirige en ligne droite sur l’église de Cauvicourt, et est connu dans le pays sous le nom de Chemin Haussé. C’est même cette voie qui donne son nom à la commune d’Estrées-la-Campagne dont elle traverse le territoire (strata in campania – c’est-à- dire voie stratégique à travers la campagne).
Puis vint la grande invasion du commencement du Vème siècle. Les Francs, les Burgondes, les Visigoths chassèrent les Romains de la Gaule et s’y établirent. Enfin, les premiers en restèrent définitivement les maitres.
Au milieu de ce chaos et pendant les guerres nombreuses que se livrèrent les possesseurs du sol et les envahisseurs, les idées civilisatrices répandues par les romains se dissipèrent, et notre pays retomba dans la barbarie.
Au IXème siècle, une autre invasion vint ruiner notre contrée. Les hommes du Nord, ou Normands, arrivèrent par l’embouchure de la Dives jusqu’au cœur de notre pays, qu’ils ravagèrent et mirent à feu et à sang, jusqu’au jour où ils s’y établirent définitivement.
Anciennes divisions administratives
Avant Jésus Christ, la Dives séparait le pays des Viducasses (habitants de Vieux) de celui des Lixoves (habitants de Lisieux). Mais vers le milieu du IVème siècle de notre ère, la capitale des Viducasses (Vieux) ayant été détruite, une partie de son territoire forma avec une portion de celui des Lixoves le pays d’Exmes.
Lorsque Charlemagne divisa la Gaule en Pagi (Pays), la région entre la Touques et la Dives prit le nom de Pagus Algieasis (Pays d’Auge), du bas latin « algia » qui désigne des lieux humides et marécageux. La dénomination de Campagne de Caen fut donnée au pays situé entre la Dives et l’Orne.
En 912, quand Rollon, chef des Normands, cessant ses brigandages et ses dévastations, s’établit en Neustrie province que lui avait cédé Charles le Simple, roi de France, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte – il déclara que la Dives servirait de limite entre la Haute et la Basse Normandie.
Le Laizon et la Dives
Le Laizon qui traverse la commune dans toute sa largeur est un des gros affluents de la Dives. Il se jette dans cette riviere à Cléville.
Autrefois, il avait un débit bien plus considérable, son lit était plus large et il débordait souvent, couvrant tout le fond de la vallée et la convertissant en un vaste marécage. La traversée de cette rivière n’était pas toujours facile, car les ponts n’existaient pas et les gués étaient peu nombreux.
Le gué de Rouvres reposant sur un sol dur, était très sûr et très fréquenté par nos ancêtres qui y faisaient passer leurs lourds chariots de bois à roues pleines.
Son existence est nettement prouvée dans les archives communales, notamment dans la délibération du Conseil Municipal en date du 5 février 1841. Le pont actuel sur la rivière a été construit sur l’emplacement de ce gué qui a servi de passage aux voitures jusque vers l’année 1850, époque de la construction de la route de Falaise à Argences.
Autrefois, le Laizon faisait mouvoir de nombreux moulins établis sur ses rives. Rouvres en possédait deux : le Grand et le Petit Moulin. Ces établissements ont servi longtemps à la fabrication de l’huile de colza. Aujourd’hui il ne reste plus que le grand moulin qui ne tourne plus, le petit moulin a été complètement rasé il y a quelques années. Ces deux moulins dépendaient autrefois de la propriété du Logis. L’un d’eux était même très ancien puisqu’en 1128 un seigneur de Coulonces en donne la dime à l’abbaye de Saint Evroult.
Le lit de la Dives dans lequel se jette notre rivière était aussi large que de nos jours. Autrefois, ce petit fleuve était navigable jusque fort avant dans les terres. Les Normands l’ont remonté lors de leurs invasions jusqu’à Saint-Pierre-sur-Dives, où ils massacrèrent le curé Wambert.
Dans le Moyen Age, la Dives était encore navigable jusqu’à Mézidon, où l’on a trouvé au siècle dernier des organneaux pour l’attache des bateaux. Une carcasse assez considérable de navire a été découverte il y a un siècle environ à Plainville, près de Mézidon, ce qui prouve d’une manière certaine l’ancienne navigabilité de la Dives.
Il y a vingt siècles, l’embouchure de cette rivière était plus étendue qu’aujourd’hui. Varaville qui est à trois kilomètres de la mer était située sur la baie de la Dives ainsi que Robehomme qui était bâtie dans une ile de cette baie.
Les boissons normandes
Le vin
Si nous remontons bien loin dans le cours de l’histoire, nous voyons notre pays peuplé de quelques tribus de Galles ou Celtes, vivant misérablement au bord des cours d’eau ou dans quelques clairières des forêts.
Peu à peu, ces bommes à demi sauvages se civilisèrent et inventèrent quelques objets de première nécessité. Au lieu de se contenter de l’eau des fontaines ou des rivières, ils imaginèrent d’y ajouter le miel des ruches sauvages. Cette boisson, après fermentation, devenait légèrement alcoolique et s’appelait l’hydromel.
Avec le temps, les gaulois firent des progrès et fabriquèrent de la bière grossière avec de l’avoine, cette bière portant le nom de Cervoise. Plus tard, nos pères en firent avec de l’orge qu’ils aromatisèrent avec du houblon.
Puis, de progrès en progrès, les gaulois se mirent à cultiver la vigne qui croissait spontanément sur les coteaux de la Gaule. Ce furent les grecs colonisateurs des rivages méditerranéens qui apprirent à nos ancêtres à cultiver cet arbuste environ six siècles avant l’ère chrétienne. Le vin de Gaule était consommé concurremment avec l’hydromel et la bière.
Le Pays d’Auge et la plaine de Caen avaient des vignes. Des documents certains en font foi. Un grand nombre de communes gardent dans leurs noms le souvenir de vignobles : Cesny-aux-Vignes, Vignats, Canon-aux-Vignes, le Mont de la Vigne dans la commune de Monteilles près Mesnil-Mauger. A Saint-André-de-Fontenay sur l’Orne, tout un coteau s’appelle encore « La Vigne ». A Ernes, une delle de champs est encore désignée sous le nom de « Delle des Vignes », ou « Delle de la Vigne ». II est donc tout probable qu’il y avait aussi des vignes à Rouvres sur les coteaux.
Vers 1060 à 1070, Guillaume le Conquérant, en établissant ses bénédictines dans l’abbaye de Saint Etienne de Caen, leur donna une vigne à Bavent avec la maison du vigneron.
En 1180, Henri II d’Angleterre confirma aux religieux de Sainte-Barbe-en-Auge la possession des vignes de Mézidon. Les vignobles d’Argences donnaient au XIème siècle un vin très estimé.
Puis, la température ayant changé, le vin devint inférieur, et la culture de la vigne fut peu à peu abandonnée. En 1829, on détruisit les derniers ceps de vigne du coteau de Grisy. C’étaient probablement les derniers vestiges d’une culture qui fût assez florissante dans notre pays.
Le cidre
Aujourd’hui le cidre est la boisson ordinaire des habitants du Nord-Ouest de la France. La Normandie est fière à juste titre de sa boisson, ses crus sont maintenant connus et cotés.
Le cidre n’est commun chez nous que depuis quatre ou cinq siècles. Cela ne veut pas dire qu’auparavant on ne savait pas cultiver le pommier ni exprimer le jus de ses fruits, mais on ne fabriquait du cidre en quelque sorte qu’accidentellement et de très mauvaise qualité.
Jusqu’au XIème siècle, la fabrication du cidre a fait peu de progrès. Au Xilème siècle, la culture du pommier prend déjà de l’importance, car l’historien De Bras, né à Ifs près de Caen, dit qu’il existe des courtiers en vins et en cidres. Le Pays d’Auge était cité pour ses plants magnifiques. Cependant, ce n’est que vers le XIVème siècle que l’usage du cidre prévalut complétement.
Le cidre n’a donc pas été de tous temps la boisson des Normands. Pour le prouver, nous citerons un passage d’un habile médecin de Grentemesnil (Grandmesnil), Julien de Paulmier, qui écrit vers 1580:
« Il pourrait sembler que le sidre n’était anciennement connu en Normandie qu’il est de présent d’autant qu’il ne se trouve monastère ni château, ni maison antique où il n’y avait vestiges manifestes et apparentes ruines de brasseries de bière qu’on y soulait [voulait] faire pour la boisson ordinaire et il n’y a pas cinquante ans que la bière était le boire commun du peuple comme est de présent le sidre. »